Dans une répétition de mouvements, de frottements, de fouissements, le cocon, mélange de soie enroulée dans une feuille, se rompt et libère le papillon.
Ce soir est le soir de l’éclosion. Par dizaines, les cocons se déchirent et laissent s’échapper les Attacus Atlas.
Lentement, les ailes de déplient, s’allongent pour enfin, totalement libres, se déploient laissant apparaitre le décor magnifique. La complexité du dessin est grandiose ; et au sommet de chaque aile, se dessine, comme s’il s’agissait d’une photo, le corps et la tête d’un serpent qui éloignera les oiseaux qui se régaleraient bien des nouveaux nés.
Les papillons majestueux, parmi les plus grands au monde, libèrent alors les phéromones qui indiqueront aux partenaires potentiels leur présence.
Le compte à rebours est commencé, l’Attacus Atlas, papillon nocturne, ne vivra que quelques jours, vivant uniquement sur les réserves qu’il aura constituées pendant sa croissance, se nourrissant alors de la sève de l’arbre qui l’aura abrite. Durant sa courte vie, il n’aura pas la possibilité de se nourrir car ses mandibules sont atrophiées.
Irrésistiblement attiré par les effluves de phéromones, il trouvera son ou sa partenaire et entamera une étreinte immobile de quelques heures, se connectant par l’extrémité de son abdomen.
Le mâle, dont la durée de vie est plus courte que celle de la femelle, s’éloignera alors en quête d’une nouvelle femelle, s’il est chanceux, il renouvellera la danse. Dans le cas contraire, il s’effondrera sur le sol et terminera sa courte vie, sans doute dévoré par un prédateur de passage.
Pour les femelles, il reste encore à pondre les œufs fécondés avant, à son tour, de disparaitre.
Les œufs grandiront alors, s’ils ne sont pas happés par un lézard de passage, et donneront naissance à des chenilles d’un magnifique bleu vert. Celles-ci se dirigeront vers un arbre à feuilles persistantes de bonnes dimensions afin de s’y lover, protégées par le sarcophage de soie afin de renouveler le cycle.
Chaque papillon, est un survivant. Vainqueur des évènements contraires. Élément indispensable, magnifique et futile d’une chaine incroyablement complexe sans cesse recommencée.
Pour rien.