A MICHEL FAULCON.
Hier, il y a une heure, il y a un instant,
Il était là.
Hier, il y a une heure, il y a un instant,
Il était vivant.
Masse inerte maintenant, je ne comprends pas.
Qu'il soit ton père ou ton chien cet être était là,
Et ne l'est plus, endormi.
Il doit se réveiller, comment la vie peut elle disparaître ?
Comment tant de finesse, tant de justesse
Peuvent-ils s'enrayer pour laisser place au néant ?
Je veux croire à la vie après la vie.
Je veux croire au renouveau de cet état tout puissant.
L'étincelle ne peut et ne doit pas s'éteindre.
Comment la vie, si parfaite, si impitoyable,
Peut-elle supporter la mort,
Tare fondamentale de son établissement spontané ?
Et pourtant il reste là, et pourtant il ne sourit plus.
Il ne rie plus. Pire, il ne rira plus, jamais, JAMAIS.
Pourquoi ? pourquoi est-il venu pour repartir si vite.
Pourquoi est-il venu pour nous manquer si tôt.
Pensez quelquefois à ce laps de temps si court qui est nôtre.
Pensez-y et vivez.
Épanouissez vous tant que vous pouvez.
Et riez, riez de la vie, vivez du bonheur.
Et oubliez le noir incessant de la ville
Pour ouvrir vos yeux sur le monde
Merveilleux de la vie.
Pensez qu'il ne reviendra pas.
Pensez que vous n'en reviendrez pas.
Lui le tant aimé et chéri.
Il part quand d'autres, haïs,
Partent aussi.
Pouvez vous me dire où est la différence ?
Égalité suprême;
La mort unit les hommes.
La mort sépare les hommes.
LE HAVRE
Le 14 Mars 1980