J'aime à me promener sur la plage.
Quand le soleil mène le combat avec la mer.
Un combat qu'il sait perdre tous les jours,
Mais qu'il sait surmonter pour chaque jour, la défier encore.
L'eau, elle roule, elle chante, elle pleure,
D'une longue lamentation dont je me nourris.
J'en sortirai fort,
Car la mer, c'est la vie et ses larmes, ses lamentations,
Sont des larmes de vie et des lamentations de vie
Dont je m'abreuve, pour partager, moi aussi, ce potentiel vital.
Et au loin, le combat fait rage, de longues flammes s'élèvent
Vers le ciel.
C'est un spectacle magnifique et grandiose et chevaleresque,
Où la mer achève son adversaire plutôt que le laisser ainsi,
Déshonoré.
C'est le combat pour la vie,
Le combat pour la mort toujours recommencé.
Et moi, moi qui ne suis rien, je reste là, et je regarde.
Je regarde ce flamboyant, ce combat.
Est ce moi la vie ou le spectacle qui se déroule sous mes yeux.
Je n'en sais aucune réponse.
Ou plutôt si, car moi je meure, je disparais,
Je serai poussière, alors que cette immensité a été, est et sera,
Toujours, c'est ça la vie . . .
Je ferme mes yeux, et une partie de ma conscience s'évade,
Je tombe sur le sol de cette plage,
JE NE SUIS RIEN.
Puis petit à petit le reste de ma conscience s'évanouit,
Et mon corps devient ferme puis froid puis poussière,
Et alors, alors seulement je vis.
Je vis poussé par le vent,
Le vent vivant lui . . .
LE HAVRE
Le 14 Avril 1977