A LAURENCE.
De toi , je ne conserverai que tes yeux.
Que ton regard inquisiteur et affolé.
Toi, que j'aurais tant aimé connaître,
Et que jamais je ne connaîtrai.
Le hasard, était-ce du hasard,
Qui m'a fait te rencontrer
Jamais plus ne nous rapprochera.
Le point de rencontre de nos deux vies
Ne mène, pour chacun de nous,
Qu'au sens uniques et insensés,
De nos existences respectives.
Moi le lâche qui n'ai pas voulu,
M'arrêter un instant pour mieux te voir.
Je suis donc condamné à t'imaginer.
Imagination, pire ennemie de l'homme.
Qui, sous des jours flatteurs souvent,
Voire fantastiques, n'apporte jamais
Que le désespoir, ou la déception.
Tant pis, cette fois encore je rêverai.
Pour t'écrire ce que nous n'avons pas senti ensemble.
Pour mieux te parler en face dans cette chaise vide,
D'où tu me détruis de tes yeux incandescents.
Tu liras peut-être un jour ces lignes,
Passante au nom que je m'efforce d'oublier,
Mais sauras tu alors comprendre,
Ce que moi même je n'ai pas compris.
Adieu donc, à la réalité, pour un nouveau voyage d'esprit,
Dont je sais par avance qu'il m'apportera la confusion,
Et le désarroi.
LE HAVRE
Le 26 Septembre 1980