Hier soir, un camion conduit par un type pas bien dans sa tête a fait un carnage sur la promenade des anglais, à Nice.
L'évènement, en soi, est horrible et je n'arrête pas de penser à ces gens venus en famille participer à la fête et qui auront perdu un ou plusieurs êtres chers.
Mais mon dieu que j'exècre ce nouveau monde où l'immédiateté a remplacé la réflexion et la sérénité.
Premier point, il s'agit d'un attentat terroriste. Pourquoi ? Il s'agit en l'état d'un crime odieux. C'est tout et c'est déjà beaucoup.
Deuxième point, un attentat terroriste islamique. Pourquoi ? Parce que le chauffeur fou est né en Tunisie ? Peut-être. Peut-être pas.
Je me souviens du meurtre odieux suivi d'une décapitation en région Lyonnaise. Les premières réactions se sont toutes accordées à décrire ce crime comme un attentat terroriste islamique, pour finalement retomber quelques jours plus tard sur un vulgaire crime de vengeance...
Arrêtons de penser dans l'urgence, dans l'immédiateté.
Mais dans cette cacophonie permanente, il y a plus abject encore. Je veux parler de Tweeter et autres commentaires en ligne. Je viens de consulter un journal en ligne, et, une fois n’est pas coutume, j’ai jeté un coup d’œil aux commentaires qui suivaient l’article. Quelle bêtise, quelle abjection, quelle tristesse. La liberté d’expression est sans doute louable et peut être même nécessaire, mais lorsqu’elle se transforme en torrent de haine, de contre-vérités, et pour tout dire… de connerie, je m’interroge sur ce que cette liberté d’expression apporte de positif au genre humain.
C’est sans doute cathartique pour certains individus instable et dérangés, mais c’est bien cela qui inquiète. Il y a parmi nous bien plus de fous qu’on ne le croit, et pas besoin d’être islamiste pour cela.
Ceci étant, le phénomène ne se limite pas aux réseaux sociaux. Je suis parfois stupéfait par les propos tenus sur les médias télévisuels par des experts ou par des individus présentés comme tels. Il est important, nécessaire, vital dans notre monde de l’immédiat d’obtenir des réponses, tout de suite, quitte à être fausses ou démenties par les faits quelques heures, jours, semaines plus tard. Il est également nécessaire, urgent, vital de désigner les responsables tout de suite.
Je n’aimerais pas être Président de la République aujourd’hui (aujourd’hui ou n’importe quand d’ailleurs), car la fureur populaire se déchaîne contre cet individu qui remplit si bien le rôle de bouc émissaire. Dans un monde où n’importe quel illuminé déterminé peut blesser la nation, avec un couteau de cuisine, un cocktail molotov, une kalachnikov (à 300 Euros dans n’importe quelle bonne banlieue), ou ici avec un 20 tonnes, il est misérable de penser que l’état ne fait rien. Moi ce qui me surprend, c’est le relatif faible nombre d’attentats qui se déroulent. En cela, je suis confiant dans le travail effectué par les forces de l’ordre, dans l’ombre, sans médiatisation car les méthodes ne sont peut-être pas toujours avouables.
Nice est horrible, mais ce ne sera malheureusement pas le dernier. Ces pratiques, quelles qu’en soit l’origine font désormais partie de notre vie. La médiatisation du moindre comportement déviant agissant comme un fulgurant amplificateur, permettant à n’importe quel abruti d’avoir son jour de célébrité. Bien plus que le quart d’heure promis par Andy Warhol.