Ce billet vient en complément de la
critique postée sur 'Sens Critique'.
Il y a quelques années, j'étais assez client de Michaël Moore dans ce qu'il avait de provocateur dans l'Amérique coincée. Et puis, en creusant un peu, je me suis rendu compte que le beau (?!?) chevalier blanc avait finalement fait de son ton un fond de commerce fort lucratif. Mon regard a alors changé et mon espoir dans le désintéressement du genre humain s'est envolé.
C'est un peu ce qui ce passe avec le film de Ruffin. On sent que le seul point qui intéresse vraiment le garçon, c'est lui et 'Fakir', le zine activiste dont il s'occupe.
J'ai vu le film, et je suis touché par la Famille Klur, qui illustre parfaitement la situation dramatique dans laquelle peuvent se retrouver des familles simples et peu éduquées. Toutefois, j'avoue ne pas avoir compris ce qui leur arrive avec leur dette (26'). Leur fils a eu un accident de voiture et, leur sont réclamés 25 000.00 Euros pour les réparations... Sauf erreur de ma part, lorsque sa voiture est assurée même au tiers, les dégâts occasionnés au tiers sont couverts... sauf, si l'on a pas d'assurance bien sûr, ou si l'accident est provoqué sous l'emprise d'alcool ou de stupéfiants... Le bon Bernard Arnaud, n'a pas grand chose à voir avec ce problème.
Mais si l'on revient sur le fondement du film.
Je ne peux pas vraiment dire que le personnage de Bernard Arnaud me soit sympathique, mais il s'agit tout de même d'un homme d'affaire pointu qui a créé un des plus grands groupes mondiaux du luxe et dont les marques sont souvent considérées, à l'étranger, comme l'étendard de la France. Que cette genèse se soit bâtie avec des effets de bord désastreux pour certaines personnes, c'est l'évidence, mais peu de succès industriels se sont déroulés dans le monde des Bisounours.
Le film est partisan, car le zoom est mis sur la famille Klur qui est à l'agonie, mais combien de personnes ont effectivement retrouvé un job ? L'ambulancière qui témoigne d'un nouveau job qu'elle aime bien et qui est mieux payé, se ravise rapidement se souvenant que ce n'est pas la position à tenir dans un tel film...
A force de montrer du doigt ceux qui font, essaient et parfois réussissent, la France stigmatise les forces vives du pays. Pour un entrepreneur qui réussit, combien s'écroulent, en y laissant tout, maison y compris car c'est souvent la caution que les banques demandent à tout prêt accordé.
Quant à l'expatriation souhaitée de Bernard Arnaud, si elle peut être éthiquement discutable, elle n'a rien d'illégal. Il s'agit là d'une optimisation fiscale que tout ceux qui paient des impôts tentent à un moment ou un autre. Pas de changer de nationalité, bien sûr, mais chacun à son niveau nous essayons de payer moins et de gagner plus. Ne pas payer d'impôt (ce qui pour moi est une aberration sociale), ne donne pas plus de moralité que d'essayer d'en payer moins.
Je ne suis vraiment pas certain que le procédé piloté par Ruffin, d'un chantage à l'image, suivi d'une publication malgré tout, soit beaucoup plus 'glorieux' que l'expatriation de monsieur Arnaud. Ce Ruffin est même toxique, car il entraîne avec lui les Klur dans le mensonge et la manipulation alors que leur première intervention dénote d'une mentalité saine. Je leur garde toutefois ma sympathie, car pour eux, il s'agit d'actes désespérés.
Dénigrez, dénigrez, il en restera toujours quelque chose. C'est aussi ce qui me gêne dans ce film. S'il s'agissait d'un travail journalistique honnête (possible, ça ?), les deux parties pourraient s'exprimer, mais là, il s'agit d'un dossier à charge digne de 'Gala' ou 'Closer'. Le sensationnel, même misérabiliste fait vendre.
Ce dernier point m'amène à l'ambiance nauséabonde qui prévaut dans notre Pays aujourd'hui. Sur le site 'Sens Critique', les notes sont élogieuses sur ce film. Seuls quelques personnages tentent des remarques modératrices, dont la plupart relève du bon sens. Ces pauvres bougres sont alors assaillis de note -1 car leur propos ne va pas dans le sens du dénigrement systématique partisan.
Le Français est parfois franchouillard jusqu'à la caricature. Chez les sportifs; 'On a gagné' mais ' Ils ont perdu !', mais pour ce qui est du financier, la réussite est systématiquement suspecte. Elle ne peut pas être le fruit d'un lourd travail, couplé à un brin de talent.
Le propriétaire est souvent d'abord 'un salaud de propriétaire' avant d'être (peut-être) quelqu'un qui a simplement économisé toute sa vie pour sa retraite.
Que les richesses soient de moins en moins bien réparties est un évident scandale, mais ce n'est pas en stigmatisant (jalousant) la réussite que le Pays va se donner une chance de réussir.
Ruffin devrait d'ailleurs faire attention, car avec ses 500 000 entrées salles France et ses DVD vendus à 20.00 Euros, il risque bien vite de se retrouver du côté du succès au risque de se retrouver sa propre cible...